samedi 11 février 2017

Consécration - saison 17 épisode 42

Il est 9h42, en ce samedi matin grisâtre, dans la périphérie toulousaine, environ 3 mois et demi après ma déconvenue d'un marathon de Toulouse interminable. Ma terrasse donne sur un hangar qui abrite un A380 en pleine révision (probablement la vidange des 15 000 kilomètres ou un changement d'essuie-glace). Je sirote un café décaféiné, ce qui lui enlève toute son âme et son sel, lorsque j'entends le facteur glisser, discrètement, sous ma porte, un journal local voire municipal.

- "Ah tiens c'est le Columérin". Me dis-je dans un accès (rare) de lucidité. Il serait temps pour moi, d'ailleurs, de reprendre contact avec mes concitoyens que je fuis depuis ma déconfiture du mois d'octobre.

- "Non, arrêtez ! N'essayez pas d'être gentils avec moi !". J'ai profondément déçu toute une ville, tout un peuple qui croyait en mes chances et en ma victoire, sur un peloton de coureurs africains que j'aurais réussi à dominer dans un finish hallucinant et plein de rebondissements.

Mais non, au lieu de ça je me suis pris les pieds dans un t-shirt trop grand et dans des ambitions XXL. La vie de sportif est trop dure, alors j'ai passé ces dernières semaines reclus dans mon appartement, évitant tout échange avec mes voisins, mes collègues, ma famille, mes compatriotes.

En ce début de week-end, je suis encore en train de me vautrer dans ma déception lorsque le ciel, tout à coup, me laisse entrevoir une éclaircie, revigorant une météo intérieure qui était proche de la dépression.

- "Mais c'est moi" !
- Oui Dembé Dembé. Colomiers n'est pas rancunier et c'est bien toi qui est mis à l'honneur, page 10 (le meilleur emplacement selon les professionnels), dans le canard du coin. J'ai espéré, quelques secondes, qu'une erreur de frappe ne transforme mes 4h39 en 3h39, ou mieux 2h39...mais non. L'intégrité journalistique du Columérin n'est certainement pas à remettre en cause.

  (oui, je sais, c'est flou)

Ouf. Je peux enfin ressortir mes baskets et croire, de nouveau, en de futurs exploits. C'est la consécration. Les gens me sourient dans la rue, et j'entends  des "Dembé ! Dembé !" retentir dans mes oreilles, à moins que ce ne soit un chien qui jappe...

"Ok, mes amis ! Je suis chaud" !
Ces quelques semaines d'introspection m'ont décidé à changer mes habitudes en matière d'entrainement. Premièrement, j'ai viré mon ancien coach (moi-même), pour engager quelqu'un de plus compétent...ou plutôt quelque chose. Oui je suis, dorénavant, épaulé par un objet connecté que je serre habituellement autour de mon poignet, et qui, accessoirement, donne l'heure, le GPS, le cardio-machin-truc et me réveille le matin. Je sais, je ne me refuse rien.

Mais surtout, j'ai trouvé un nouveau mentor dont le discours et l'accent québécois raisonnent avec bonheur à mes oreilles. Ecoutez-ça :


Tabernacle ! Mais oui c'est ça ! Il faut courir lentement ! Ok, je reprends tout à zéro, et je fais du 2 à l'heure.

Si vous me voyez trottiner dans la rue, n'hésitez pas à marcher à côté de moi, ou à me dépasser, je ne le prendrai pas mal. Les enfants, les papis, les mamies, prenez vos déambulateurs et rejoignez-moi dans cette farandole poussive.

Quitte à stagner dans ma pratique, autant assumer jusqu'au bout.

Les plus grands spécialistes vous le diront, pour progresser, il faut développer son....
endurance fondamentale !!!!!


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