dimanche 9 juillet 2017

La transhumance pédestre de Toulouse

C'était bien ma chance. Ce vendredi soir, 7 juillet 2017, je fêtais à peine mes trois mois d'engagement vers un végétarisme assumé et un soutien actif au parti animaliste que je me retrouvais engagé sur la corrida de Toulouse. Corrida ???? Vous êtes sûr ?

-"Pédestre", me précisa un organisateur, tout de jaune fluo vêtu.
-"Toi-même", lui répondis-je du tac au tac, avant de m'éclipser rapidement afin de rejoindre mon SAS de départ et éviter tout conflit ouvert, c'est mauvais pour la concentration.

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Mais que faisaient tous ces coureurs, arborant de belles tuniques de runners, tout autour de la place du Capitole ? Il y avait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, assez en tout cas pour énerver des taureaux qui auraient pu trainer rue du Taur, voyez-vous.

Bon, soit, cela faisait un petit moment que je n'avais pas mis de dossard et j'avais envie de me joindre au troupeau.
-"Il est où le SAS élite  ?"

Une nouvelle fois, un gentil organisateur me fit remarquer qu'il était hors de question que je rejoigne les cadors du début de peloton. J'avais un bracelet orange autour du poignet, ce qui signifiait que j'étais une bouse (de vache) car je devais terminer l'épreuve en 45-50 minutes. Les meilleurs bestiaux approcheraient les 30-35 minutes grand max.

-"Ba, c'est quoi un quart d'heure ? Et ne parle-t-on pas du fameux quart d'heure toulousain d'ailleurs ?".

Bon, je dus m'y faire et rejoindre mes amis vachettes de bas-niveau.

Et c'était parti, 21h, la transhumance commençait sa migration en plein centre-ville. "Meuuuuhhh". Jetez un œil d'ailleurs sur la vidéo réalisée par ma femme, c'est le départ ralenti 3 fois. L'effet est saisissant.


(Le ralenti arrive après la première minute. On me voit à 7 minutes 30")

Il ne nous manquait que les cloches autour du cou. Je tentais un petit slalom pour éviter quelques pachydermes en surpoids et frôlais les 12.5 km/h pendant....1 km.

J'ai oublié de vous dire que vendredi a été LA journée caniculaire de la semaine, 35° dans l'aprem, et la température avait encore bien du mal à redescendre en ce début de soirée. On était à peine en-dessous des 30°. Et moi j'aime vraiment pas ça. Je suis du nord. Il me tardait de rejoindre des pâturages des hauts-plateaux. 

Je me doutais bien que je ne ferais pas un temps exceptionnel et j'en eus confirmation en franchissant la ligne d'arrivée en 50' (temps réel). Je finissais, malgré tout, en 1190ème position sur 4560. Pas trop mal pour un vieux comme moi.

Petite anecdote : ayant à peine terminé le premier kilomètre, rue Alsace Lorraine, j'entendis derrière moi le bruit d'un objet dans lequel quelqu'un venait de shooter. Je réalisai alors que je n'avais plus mon portable dans la poche. Merde, mon portable ! Impossible de m'arrêter sans être littéralement piétiné. Tant pis. J'effectuai les 9 derniers kilomètres en pensant non stop à mon foutu téléphone, et en me demandant comment retrouver ma femme, une fois arrivé, dans cette foule en liesse . Je n'avais pas les clés de l'appart non plus. Damned !

Je vous passe les détails d'après-course et de mes recherches pour retrouver l'objet, les sollicitations auprès des officiels pour m'aider dans cette quête impossible, et le tout au milieu de milliers de coureurs suant et beuglant. Par miracle ma femme m’aperçut au milieu du cheptel et, la mort dans l'âme et les pieds en compote après une heure d'enquête vaine, nous décidâmes de rentrer à casa.

C'est alors, une fois rentrés, que je l'aperçus, négligemment posé sur le canapé, cet outil de malheur m'avait bien pourri la soirée (et celle de ma femme). Il me punissait de l'avoir oublié comme ça à la maison.

Il indiquait l'heure, 23h, et la température ambiante, 27°.

"Fait chaud non ?".