samedi 29 octobre 2016

Le T-Shirt (épisode 2)

Il est environ 15h, ce samedi 22 octobre, la veille de l'épreuve fatidique, et mon humeur s'est soudainement assombrie alors que je pénètre à l'intérieur du village marathon et que je m’apprête à retirer mon dossard.

En effet, j'observe d'un œil noir les bénévoles qui remettent leur sac (dossard + goodies) aux futurs forçats du macadam. Il y a quelque chose qui cloche dans leur tenu. Ils arborent tous LE t-shirt de cette dixième édition et je n'ose croire ce que je vois. Est-ce un mirage ? Non.

Toulouse, ville rose, oui ok mais quand même. Je me dis que ce rose pétard ne peut être qu'une forme de bizutage adressé à de jeunes bénévoles, mais pas à nous les coureurs.

Et en même temps, je dois me rendre à l'évidence. Toulouse Métropole a décidé d'aider les runners à assumer la part féminine qu'il y a en eux. Je ne suis pas persuadé que le peloton se laisse convaincre comme ça.

                                                          (entre les deux mon cœur balance)

Et finalement, en rentrant à la maison je dois dire que je regarde mon t-shirt Columérin d'un œil plus indulgent. Pour la trente-et-unième fois au moins, je l'enfile devant la glace. Il n'est pas si grand que ça malgré sa taille XL, si ce n'était ce col qui s'ouvre, béant, sur mon frêle cou.

Je recommence à m'énerver et à maudire ce petit enfant chinois qui a confectionné ce tricot de running. J'aurais deux mots à lui dire quant à son manque de professionnalisme. Qu'est-ce qu'il a cru ? Qu'à Colomiers on était tous des rugbymen avec des cous de taureau ? Il ne s'est pas rendu compte à quel point sa négligence allait mettre dans l’embarras le riche coureur occidental que je suis. Si ça se trouve la coupe, plus que maladroite, de ce t-shirt allait me faire perdre de précieuses secondes pour ma performance du lendemain. Toutes ces heures d'entrainement remises en question parce qu'un artisan asiatique de moins de 10 ans n'a pas bien fait son boulot.

Et puis je me dis qu'il faut que j'arrête de me morfondre sur les injustices de ce monde et que j'essaye de garder de l'influx pour le lendemain. Merde, je vais le porter fièrement ce t-shirt Columérin.

Quand toute une ville est derrière vous...que dis-je tout un peuple, vous n'avez pas le droit de le décevoir.

O Colomiers ! Ville bleu.

Ton gladiateur est prêt.

jeudi 27 octobre 2016

Marathon de Toulouse (ou le running municipal)

Il est 9h ce jeudi 13 octobre, soit 10 jours avant l'épreuve fatidique, et je cherche vainement à accéder à la salle de réunion de "Mame le Maire de Colomiers" qui a été un peu "bunkérisée" depuis les évènements. Il faut montrer patte blanche auprès du gardien pour rejoindre la petite assemblée constituée, ce matin-là, des deux équipes de relayeurs et d'agents ayant gagné à un concours de pronostique d'une coupe du monde ou d'un championnat d’Europe de je ne sais quel sport collectif à base de shorts et de ballons.

J'ai quelques minutes de retard, le discours officiel a commencé, ce qui m'a permis de rater l'introduction et d'entendre directement le passage où "Mame le Maire" évoque les derniers kilomètres les plus douloureux du marathon. "Le mur". Une comparaison humoristique est bien entendu tentée avec le parcours politique et les élections présidentielles. Cela va de soit.

Et moi je n'ai qu'une pensée qui m'obsède : a quoi va ressembler ce foutu t-shirt ?
Et oui, la mairie a accepté de me faire bénéficier d'une invitation pour le marathon, en échange de quoi je dois arborer fièrement les couleurs Columérines.
Pour 55 euros d'économisés je suis prêt à tout.

-"Mais c'est quoi exactement les couleurs Columérines"? Cette question m'obsède depuis que le service com m'a parlé de cette petite cérémonie. Jaune, orange fluo ? Je crains le pire.

Et puis j'entends "cinéma", ce qui me sort immédiatement de mes préoccupations esthétiques. En effet, je suis projectionniste au "Central" de Colomiers, cinéma municipal comme on en fait plus, pour ceux qui seraient tombés malencontreusement sur cet article.

Revenu à la réalité, je reçois alors fébrilement  l'objet qui m'accompagnera sur 42 km et qui est, pour l'heure, soigneusement empaqueté. Je le découvre avec soulagement, il est bleu. Ouf !


A Colomiers on est comme ça. Sobriété, pas d'esbroufe. Un bleu un peu électrique quand même, mais pas m'as-tu-vu. J'aurai également le logo de la ville sur le cœur pendant toute la course. Une Colombe. Le running c'est de l'amour.

Je ressors de là l'esprit apaisé, presque en joie. "Il est bleu, il est bleu, il est bleu". M'entends-je même chantonner.

Je le re-regarde une nouvelle fois. Je suis sur le parking, derrière la mairie. Et mon œil est attiré immédiatement par deux grosses lettres sur l'étiquette.
XL.

Et moi je fais du M (voire du S).

Je pleure.