mardi 8 novembre 2016

Dembé Dembé au marathon de Toulouse ou récit d'un naufrage (épisode 3)

Nous sommes le 23 octobre, sur le pont Coubertin, à 10 minutes de l'épreuve fatidique. Je suis dans tous mes états car je me vois interdire l'accès au SAS élite par un officiel malveillant.
-"Vous savez qui je suis ?". Je fulmine. "Avez-vous conscience que le peuple Columérin est derrière moi ? Il ne comprendrait pas que je ne me trouve pas aux avants-postes avec mes frères Kenyans ?".
-"Ah oui  ! Tu es le Kenyan Columérin ! Dembé Dembé ! Celui qui a fait 4h26 à Bordeaux au printemps dernier ! HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA !".
Je tente d'ignorer son hilarité.
-"Tu sais quoi ?", Reprend-il, "tu peux aller te rhabiller avec ton t-shirt trop grand. Vas-voir là-bas si j'y suis !".
Dans une dernière tentative je lui fais remarquer que tous les Kenyans et Ethiopiens, coureurs longilignes, ont  des t-shirts trop grands, alors pourquoi pas moi ?

Rien à faire. Cet officiel fait preuve d'une vraie autorité malgré son t-shirt rose et je suis obligé de rejoindre les bas-fond du peloton. J'ai l'impression d'être, encore une fois, une victime collatérale de ce vieil antagonisme entre les deux plus grandes villes de Haute-Garonne .

Je me positionne dans le SAS 4h et je pense à ce petit enfant qui a dû se lever aux aurores pour rejoindre, avec son papa, un des nombreux bus mis à disposition par la mairie de Colomiers. Il doit attendre, dans le froid, derrière une barrière, que le 1389, qui porte haut les couleurs de sa ville,  passe triomphant, au coude à coude avec un athlète africain des hauts-plateaux.

J'ai les larmes aux yeux lorsque le départ est donné.
Premier constat : mon t-shirt gonfle avec le vent. Il y a quelques bonnes rafales et je ressemble parfois à un voilier. Tant pis, les éléments sont contre moi mais j'en ai vu d'autres. Je me souviens d'une époque où j'allais à l'école, courant pieds nus dans la savane nazairienne (ben oui je suis de St-Nazaire), évitant les points d'eau dans lesquels venaient se désaltérer le roi des animaux.

Bon, revenons à nos moutons.
Deuxième constat : ils sont passés où les meneurs d'allure 4h ? J'ai beau regarder devant moi, ils ont disparu. Aïe, il va falloir revoir mes objectifs à la baisse. Record du monde ? Pas ce matin.
Moins de 3 heures ? Compliqué. 3h30 ? Difficile. 4 heures ? Gloups.

Je dis ça mais je franchis les 21 premiers kilomètres en 2 heures, le sub 4h est toujours possible même si mes jambes commencent à m'envoyer des messages alarmants.
En fait c'est le kilomètres 25 qui m'a fait perdre mes illusions. Je flirte dorénavant avec les 10km/h.





Km 27. Ça y est j'ai l'impression que mes jambes sont prises dans un étau.

Km 30. A chaque nouveau kilomètre un tour de manivelle est donné et des mâchoires d'acier m'écrasent les guiboles, à partir des hanches jusqu'aux chevilles.

Km 32. Vive le sport.

Km 33. Ma femme m'attend au bord de la route. Je lui avais demandé de me préparer une seringue pleine d'anabolisants au cas où. Je baisse mon short pour qu'elle puisse choisir une fesse à piquer. Au lieu de cela elle me tend une bouteille d'eau sucrée.

Km 34. Je sens les premiers effets. Je passe de 8.5 km/h à 8.6 km/h.

Km 34.2. Je tiens le bon bout.

Km 34.3. Je ne suis plus un coureur.

Km 34.4. Je suis un marcheur.

J'alterne marche et simili-course. J'ai conscience que je suis en train de perdre ma dignité. Et en plus on se retrouve en plein centre-ville. Une foule en liesse nous encourage, nous, les athlètes de bas-niveau.

Km 39. C'est le drame. Les meneurs 4h30 me dépassent. Nooooooooooooon ! Pas çaaaaaaaaa !

Km 40. Si.

Km 41.9. Il est temps d'entamer mon fameux sprint final. J'ai 300 mètres pour faire parler la foudre.

Km 42. 300 mètres ça fait beaucoup. Je remarche un peu.

Km 42.1. Plus que 100 mètres. Je franchis la ligne d'arrivée en rampant.

Km 42.2 4h39 !

Oh làlàlàlàlàlàlàlà. Je suis au bord de l'épuisement et tout un tas de questions se bousculent dans ma tête.
Pourquoi moi ? Qui suis-je ? Comment vais-je faire pour retourner à Colomiers ? Qui voudra manger à côté de moi au restaurant administratif ?

Dernier constat : Je vire mon coach. C'était qui ? Moi.

Bon, l'heure n'est pas encore complètement au bilan et j'ai hyper envie de pisser car j'ai bu des litres d'eau. La place du Capitole est pleine comme un œuf. Nous rentrons à la maison pour me soulager. Je suis pour la 4ème fois marathonien. Je ne garde que cela en tête pour le moment, mais si je ne veux pas franchir la barre des 5 heures la prochaine fois il va falloir changer des trucs dans ma préparation, et je ne parle pas de t-shirt.

Je suis entre l'euphorie et la loose, l'eupholoose. Le mur marque un nouveau point et pas des moindre.

Le mur 3 - Armand (Dembé Dembé) 1.

End of story.


samedi 29 octobre 2016

Le T-Shirt (épisode 2)

Il est environ 15h, ce samedi 22 octobre, la veille de l'épreuve fatidique, et mon humeur s'est soudainement assombrie alors que je pénètre à l'intérieur du village marathon et que je m’apprête à retirer mon dossard.

En effet, j'observe d'un œil noir les bénévoles qui remettent leur sac (dossard + goodies) aux futurs forçats du macadam. Il y a quelque chose qui cloche dans leur tenu. Ils arborent tous LE t-shirt de cette dixième édition et je n'ose croire ce que je vois. Est-ce un mirage ? Non.

Toulouse, ville rose, oui ok mais quand même. Je me dis que ce rose pétard ne peut être qu'une forme de bizutage adressé à de jeunes bénévoles, mais pas à nous les coureurs.

Et en même temps, je dois me rendre à l'évidence. Toulouse Métropole a décidé d'aider les runners à assumer la part féminine qu'il y a en eux. Je ne suis pas persuadé que le peloton se laisse convaincre comme ça.

                                                          (entre les deux mon cœur balance)

Et finalement, en rentrant à la maison je dois dire que je regarde mon t-shirt Columérin d'un œil plus indulgent. Pour la trente-et-unième fois au moins, je l'enfile devant la glace. Il n'est pas si grand que ça malgré sa taille XL, si ce n'était ce col qui s'ouvre, béant, sur mon frêle cou.

Je recommence à m'énerver et à maudire ce petit enfant chinois qui a confectionné ce tricot de running. J'aurais deux mots à lui dire quant à son manque de professionnalisme. Qu'est-ce qu'il a cru ? Qu'à Colomiers on était tous des rugbymen avec des cous de taureau ? Il ne s'est pas rendu compte à quel point sa négligence allait mettre dans l’embarras le riche coureur occidental que je suis. Si ça se trouve la coupe, plus que maladroite, de ce t-shirt allait me faire perdre de précieuses secondes pour ma performance du lendemain. Toutes ces heures d'entrainement remises en question parce qu'un artisan asiatique de moins de 10 ans n'a pas bien fait son boulot.

Et puis je me dis qu'il faut que j'arrête de me morfondre sur les injustices de ce monde et que j'essaye de garder de l'influx pour le lendemain. Merde, je vais le porter fièrement ce t-shirt Columérin.

Quand toute une ville est derrière vous...que dis-je tout un peuple, vous n'avez pas le droit de le décevoir.

O Colomiers ! Ville bleu.

Ton gladiateur est prêt.

jeudi 27 octobre 2016

Marathon de Toulouse (ou le running municipal)

Il est 9h ce jeudi 13 octobre, soit 10 jours avant l'épreuve fatidique, et je cherche vainement à accéder à la salle de réunion de "Mame le Maire de Colomiers" qui a été un peu "bunkérisée" depuis les évènements. Il faut montrer patte blanche auprès du gardien pour rejoindre la petite assemblée constituée, ce matin-là, des deux équipes de relayeurs et d'agents ayant gagné à un concours de pronostique d'une coupe du monde ou d'un championnat d’Europe de je ne sais quel sport collectif à base de shorts et de ballons.

J'ai quelques minutes de retard, le discours officiel a commencé, ce qui m'a permis de rater l'introduction et d'entendre directement le passage où "Mame le Maire" évoque les derniers kilomètres les plus douloureux du marathon. "Le mur". Une comparaison humoristique est bien entendu tentée avec le parcours politique et les élections présidentielles. Cela va de soit.

Et moi je n'ai qu'une pensée qui m'obsède : a quoi va ressembler ce foutu t-shirt ?
Et oui, la mairie a accepté de me faire bénéficier d'une invitation pour le marathon, en échange de quoi je dois arborer fièrement les couleurs Columérines.
Pour 55 euros d'économisés je suis prêt à tout.

-"Mais c'est quoi exactement les couleurs Columérines"? Cette question m'obsède depuis que le service com m'a parlé de cette petite cérémonie. Jaune, orange fluo ? Je crains le pire.

Et puis j'entends "cinéma", ce qui me sort immédiatement de mes préoccupations esthétiques. En effet, je suis projectionniste au "Central" de Colomiers, cinéma municipal comme on en fait plus, pour ceux qui seraient tombés malencontreusement sur cet article.

Revenu à la réalité, je reçois alors fébrilement  l'objet qui m'accompagnera sur 42 km et qui est, pour l'heure, soigneusement empaqueté. Je le découvre avec soulagement, il est bleu. Ouf !


A Colomiers on est comme ça. Sobriété, pas d'esbroufe. Un bleu un peu électrique quand même, mais pas m'as-tu-vu. J'aurai également le logo de la ville sur le cœur pendant toute la course. Une Colombe. Le running c'est de l'amour.

Je ressors de là l'esprit apaisé, presque en joie. "Il est bleu, il est bleu, il est bleu". M'entends-je même chantonner.

Je le re-regarde une nouvelle fois. Je suis sur le parking, derrière la mairie. Et mon œil est attiré immédiatement par deux grosses lettres sur l'étiquette.
XL.

Et moi je fais du M (voire du S).

Je pleure.

samedi 24 septembre 2016

Comment mon auto-entreprise ne connait pas la crise (ou ma vie de marathonien)

Ok, c'est sûrement le pire titre d'un article de blog de running mais mes lecteurs cinéphiles auront, bien sûr, reconnu cette double référence, à la fois à Pierre Jolivet et à Arnaud Desplechin. Il y a un des deux réalisateurs que je préfère largement à l'autre. Devinez qui ? Un indice : je suis un gros bobo et j'ai été abonné aux Inrocks quand j'étais jeune....C'est Desplechin.

Bon, je pense que j'ai déjà perdu les deux lecteurs qui ont, par mégarde, cliqué sur ce lien. Ok, ok, je fais référence, dans ce titre génial, à "Ma petite entreprise ne connait pas la crise", bien sûr, et à "Comment je me suis disputé (ou ma vie sexuelle)". Le deuxième clin d’œil est plus subtil, je vous l'accorde.

Oui, bon d'accord mais pourquoi ?

Eh bien tout d'abord, et pour en revenir aux basiques, parce que je suis en pleine préparation du marathon de Toulouse que je devrais "disputer" pour la deuxième fois de ma vie de coureur (la première fois c'était il y a deux ans).

La preuve, ce matin je me suis fait une bonne vieille sortie longue de 2h30 et de 26 km, ça calme pour le w-e.


Et oui la vie de marathonien n'est pas facile parce qu'elle est souvent compliquée à conjuguer avec le reste. Le côté chronophage, voyez-vous....Cela bouffe un temps fou. Et par dessus le marché ma vie professionnelle s'est enrichie d'une nouvelle activité. Je suis toujours projectionniste (à 80%) mais j'ai un nouveau boulot depuis 1 an et demi.

Attention , roulement de tambours, je retranscris le contenu de réunions  afin d'en dresser des procès-verbaux. Un peu comme un greffier. C'est complètement improbable, je sais, mais cela marche plutôt pas mal, à tel point que je me suis mis en auto-entrepreneur. On me refile de plus en plus de dossiers et je dois sacrifier certaines activités, comme ce blog que j'ai tendance à déserter. Il me faut faire des choix pour pouvoir continuer à courir.

Par miracle, ce w-e, pas de boulot, pas de dossier à retranscrire, donc j'en profite pour faire le point et essayer de rédiger quelque chose sur ce blog.
En tout cas, pas question de brader ma préparation...enfin, si un peu quand même, je voulais passer à 4 sorties par semaine mais je n'y arrive pas, alors je reste à 3, avec une sortie de plus en plus longue le w-e. Ça devrait passer. J'espère finir l'épreuve du 23 Octobre prochain, en meilleur état qu'à Bordeaux en avril dernier, et flirter avec les 4 heures, voire les 3h59 (la différence est énorme).

Ah tiens, je vous ai dit que j'avais couru le semi-marathon de Toulouse la semaine dernière ? Ben non, je n'ai pas eu le temps.

Cette course est un peu spéciale pour moi. J'y ai participé il y a deux ans et elle a marqué mon entrée dans le monde de la course à pied. Je portais un dossard pour la première fois et je finissais en 1h58, à la ramasse.

Dimanche dernier, donc, je remettais le couvert sur ce parcours que je connais un peu. Les sensations n'ont pas été mauvaises et je l'ai conclu en 1h50. Je savais que c'était ce que je valais, sans préparation spécifique, sur cette distance. J'étais content de constater que je concluais ce semi dans un état tout à fait acceptable. Pas de douleur ni de grosse fatigue. Avec 4 kilos de perdus depuis avril, c'est plus simple.


Voilà, voilà...j'ai fait le tour de la question pour aujourd'hui. Je crois que je vais me poser sur le canapé...c'est bon de ne rien foutre quand même, surtout quand on a couru 26 km.


dimanche 4 septembre 2016

10 km de Colomiers

Il faisait beau ce matin, presque trop, à l'heure où la corne de brume a résonné (10h15), lançant le départ de la 23ème édition des "Boulevards de Colomiers".

Colomiers ? Attendez, ça me dit un truc. Ah ben oui c'est là où je bosse. Le terrain était familier, donc, et les (nombreux) ronds-points presque amicaux tant j'ai l'habitude de les prendre en voiture.

Le décor était planté et les ambitions mesurées. J'espérais bien passer sous les 50 minutes et approcher, pourquoi pas, mon record personnel 47"54. Le petit hic restait quand même ces quasi 25° ressentis sur le macadam columérin.

Donc à 10h15 pétante, j'arborais, enfin, un dossard (le 104 peugeot) après 4 mois d’abstinence en matière de course officielle. Le ballon orange du meneur d'allure 50" que j'espérais bien dépasser dans les 2 ou 3 derniers kilomètres, devenait mon point de mire, que dis-je, mon obsession.

"Mais pourquoi va-t-il si vite ?", me répétais-je sans cesse. Mon chrono me confirmait bien mes 12 à l'heure, sauf que je voyais s'éloigner inexorablement celui qui devait être mon repère pendant toute la course.

Un 10 km n'a rien d'épique. J'aimerais pouvoir vous dire que j'ai doublé 800 coureurs, que j'ai fini en rampant, en pleurs, réconforté par Mme le Maire qui assistait à la course, acclamé par une foule en liesse et accompagné par l'orchestre symphonique de Berlin (venu spécialement pour l'occasion) mais...non...ma course a été des plus banales.

J'ai conclu le parcours en 49" 53 à la 350ème place sur 882 arrivants (81ème sur 204 vétérans 1). Le temps n'est pas super mais le classement me convient bien. Je vois que la chaleur a ralenti un peu tout le monde.

Un petit visuel pour conclure ce post exceptionnel ?

Ok mais ne me cherchez pas, je ne suis pas sur la photo.

(La course des gaminos, à 9h15 il faisait bon, c'est facile)

samedi 18 juin 2016

Retto

Après plus de deux mois d'absence, je reviens faire un petit coucou sur ce blog que j'ai un peu déserté. Il faut dire que dans ma vie de runner il ne se passe pas grand chose. Je continue à faire (à peu près) mes trente bornes par semaine mais je n'ai aucune course en vue, d' ici à septembre, je pense.

Pas de dossard à l'horizon. J''ai le running apaisé sans aucune préparation en cours. Je suis libre, quoi.

Le seul micro-évènement que je pourrais raconter, aujourd'hui, concerne un magasin espagnol de cyclisme et running ( c'est tout nouveau). Retto. Je  me suis vu  proposé  la rédaction d'articles  sur leur blog français. J'ai quelques avantages en contrepartie : mon poids en chorizo, une résidence secondaire sur la côte Basque et une roue de bicyclette.


Je ne souhaite pas faire dévier mon blog vers un quelconque mercantilisme, même si je fais un peu de pub dans ce petit billet, mais je ne suis pas contre certaines collaborations, surtout si cela me permet de devenir rédacteur, en quelque sorte, d'un blog de running (on dit pareil en espagnol). Cela se veut très généraliste et ça me va bien comme ça.

Ici, c'est plus personnel, je peux parler de mes ampoules sans aucune honte. Ce sont mes ampoules à moi et je fais ce que je veux avec.

Voilà c'était ma leçon de vie du jour. Peu importe la marque de tes baskets, c'est au nombre d'ongles sacrifiés que l'on mesure les kilomètres avalés. Je n'ai pas encore la traduction en espagnol, mais je vais me renseigner.

dimanche 17 avril 2016

Le mur 2 - Armand 1

 Mise au point


J'avais laissé ce sacré farceur de "mur du trentième kilomètre" au bout de l'avenue Mohammed V et d'un marathon de Marrakech au finish interminable, fin janvier 2015. J'avais encore en mémoire ces longues, très longues artères et cette chape de plomb qui ne m'avait pas lâché, m'essorant tel une vieille djellaba sur une dizaine de kilomètres.  Il ne restait plus qu'à me mettre  à sécher au balcon d'une Casbah de la Médina, attendre de retrouver des couleurs et un semblant de dignité.

Le mur m'avait mis une branlée et s'était vengé d'une première victoire inespérée à Toulouse.


L'épreuve marocaine avait duré 4h05 (temps réel) et pour la deuxième fois j'étais marathonien.
3 mois plus tôt j'avais connu un baptême très heureux sur cette distance mythique. J'avais maintenu, du début à la fin, un bon vieux 10km/h pour terminer en 4h10 (temps réel) sans véritable défaillance.

Entre Le mur et moi l'égalité était parfaite, chacun ayant eu sa victoire.

Faim de course


Et puis il y eut cet arrêt prolongé de 8 mois, d'avril à novembre, sans pouvoir mettre mes runnings pour cause de hanche récalcitrante, me frustrant d'un certain nombre de courses et d'au moins un marathon.

J'avais les crocs lorsqu'en décembre dernier, après une reprise inespérée, je me suis décidé à m'inscrire pour Bordeaux. Je ne savais pas si je serais suffisamment en cannes pour renouveler l'expérience des 42 bornes, mais j'allais tout faire pour. J'avais retrouvé de l’appétit pour la course à pied.

Je t'aime, moi non plus


Ah Bordeaux ! Je t'avais quittée, en mauvais termes, quelques 18 années plus tôt pour finalement te retrouver aujourd'hui et t'apprécier de nouveau. Il faut dire que tu as sacrément changé et je pourrais même me réconcilier avec toi.

Quoi de mieux pour célébrer cette nouvelle connivence qu'un parcours marathonesque et nocturne dans tes rues et tes domaines Pape-Clément et Pique-Caillou.

J'ai donc passé le premier trimestre 2016 à enchaîner les sorties et les kilomètres dans la mesure de mes capacités physiques (à peu près 50 bornes par semaine).


J'avais dans l'idée de démarrer plus lentement qu'à Marrakesh (un peu plus de 11km/h sur le premier semi marocain) mais de garder un rythme régulier (10.6 km) qui m'aurait amené, au final, vers un transcendant 3h59. En gros, dans mes rêves les plus fous, j'allais suivre le meneur d'allure "4 heures" et le dépasser dans le dernier kilomètre. C'est beau de fantasmer.

Déjà, mes divers chronos dans les trois premiers mois de 2016 ne me laissaient rien augurer de bon. Je m'étais, de toute façon, fixé comme objectif secondaire et plus réaliste de simplement le terminer, ce foutu marathon de Bordeaux. Ça, au moins c'était dans mes cordes.

 Juste une illusion


Et la première moitié du parcours m'a permis d'entretenir un peu le mirage. J'ai, en effet, clôturé le premier semi en 2 heures pile poil, accroché aux basques du groupe "4 heures", 10,59 km/h de moyenne c'était nickel.

Mais le ravitaillement du 25ème kilomètre a eu raison de mon ambition. En effet, le groupe ne s'arrêtant pas, il fallait à chaque fois anticiper, accélérer sur une centaine de mètres, boire, manger et retrouver les meneurs d'allure qui continuaient leur route.

Bien entendu, le retour à la réalité a été brutal et le 5ème ravito fatal. J'ai laissé filer le train sans pouvoir me raccrocher aux wagons. Impossible de rattraper mon retard.
Au contraire,  le drapeau "4 h" s'éloignait de plus en plus.

Et c'est au 27ème kilomètre que je sentis sa présence pesante... car il était bel et bien là, à m'attendre au coin d'une rue dans la nuit bordelaise....Le mur.

Aïe, je le reconnus tout de suite tandis que mon allure commençait à chuter (10km/h).
A partir du 30ème c'est plutôt un 9 km/h qui a commencé à s'installer pour m'amener à flirter, finalement, avec les 8 km/h.

Doigts de pied 8 - Armand 0


A vrai dire, je ne compte plus les ongles sacrifiés sur l'autel de la course à pied ni les ampoules accumulées sur cette distance. C'est donc aux alentours du 30ème kilomètre qu'un frottement au bout du petit doigt de pied gauche, depuis bientôt 3 heures,  a fait éclore une de ces fameuses petites cloques, pour le moins vicieuse. Mais en réalité j'avais mal partout, aux pieds, aux jambes, à la nuque...J'avais l'impression de courir sur des oeufs et en même temps mon corps pesait une tonne. Bref, je faisais une sacré omelette sur les pavés bordelais. Ah ! elle était loin la foulée aérienne médio-pied.

Et j'ai commencé à entendre des "Vas-y Moby" de djeunes dans un état pré-alcoolisé, et oui on approchait les 1 heures du mat et le marathonien en bout de course que j'étais devenait une cible facile.

Des relais relous ?


 Attention, que l'on ne se méprenne pas, je n'ai rien contre les relais. Mais quand on est écrasé par le mur, on aime bien se raccrocher à ses copains de galère, titubant et fraternisant dans la nuit girondine. Être dépassé en permanence par des relayeurs fringants casse, pour le moins, le moral. On a envie de gueuler aux spectateurs "Ne les applaudissez pas ! Ils n'ont fait que 10 kilomètres et nous on souffre le martyr ! C'est pas du jeuuuuuuuu !!!!!!". Je ne peux m'empêcher, à chaque fois, de jeter un coup d'oeil sur leur dossard et d'être un peu rassuré par le R de RELAIS. BANDE DE NAZES !

Je dis ça mais je vais peut-être, moi aussi, être relayeur en octobre prochain. Et je n'hésiterai pas à humilier des vieux marathoniens à l'agonie. Bref je m'égare.

Un sprint à 2 à l'heure


Bon, c'est pas le tout mais avec toutes ces considérations la ligne d'arrivée approche enfin. J'ai à peu près une demi-heure de retard sur mon objectif. Ma femme m'attend au bord de la route depuis 3/4 d'heure, elle a filmé tous les arrivants, de peur de me rater. Elle se plaindra plus tard d'une tendinite à l'épaule droite.

Et c'est au cours de ces derniers deux cents mètres que je me décidais à lâcher les chevaux...enfin les poneys devrais-je dire, pour entamer une ultime accélération, histoire de dépasser cette concurrente qui penche à droite telle la tour de Pise et que j'ai en ligne de mire depuis un bon bout de temps. Il est temps de faire parler la poudre et de laminer cette concurrente inclinée. Évidemment, le moment n'était pas des mieux choisis pour que mon ampoule me rappelle à son bon souvenir. Subissant une dernière pression, c'est dans ce finish infernal qu'elle a décidé de littéralement exploser dans ma chaussure, dans un ultime acte suicidaire. Une violente douleur, partant de mon petit doigt de pied et remontant jusqu'à mon cerveau usé a eu raison de mon finish. Je franchis la ligne en 4h26 (temps réel) de ce foutu marathon de mes deux de Bordeaux.

Alléluïa !


Oui ! C'est beau ! Bon sang, je suis finisher du marathon de Bordeaux ! Le mur m'a encore une fois aplati comme une crêpe.

Ok, respect à lui... mais j'ai déjà envie de le re-défier. Probablement en octobre à Toulouse, sur mes terres. La première fois cela m'avait bien réussi et je compte bien remettre les pendules à l'heure (aux alentours de 4 heures).

(Di Caprio, dans Titanic)

Quand on aime, on ne compte pas.


samedi 9 avril 2016

vendredi 18 mars 2016

On a retrouvé la 737ème compagnie



A y est, le soldat Rougier a rejoint les rangs, plus précisément le 744ème sur 1269 arrivants.




L'honneur est sauf.

dimanche 13 mars 2016

Un rêve devenu réalité

Ça y est j'ai la preuve que je l'ai bien couru ce semi de Blagnac ! Enfin en tout cas il semble que j'en ai franchi la ligne d'arrivée.

Runningtrail a rajouté les photos des arrivées entre 1h50 et 2h03 et ce n'est pas un mirage j'y suis, et même trois fois.


 (chérie, ceci n'est pas un montage)



Ma femme est rassurée même si je suis toujours exclu du classement.


Un semi de rêve ?

Ce matin j'ai rêvé que je courais le semi de Blagnac (30ème édition). C'est fou comme parfois l’illusion et la réalité se rejoignent.

J'ai vraiment cru que je m'étais levé à 7h30, un dimanche, pour aller rejoindre 3 000 coureurs sur un parking d'un centre commercial.

A 10h30 je me suis vu prendre le départ à la poursuite des meneurs d'allure 1h45. Je me disais même dans mon rêve que je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait pas de meneur 1h50, ce qui était plus dans mes cordes.

Le mirage était juste parfait. Il faisait beau avec un petit vent frisquet et je tenais le rythme jusqu'au 10ème kilomètre où inexorablement je commençais à perdre du terrain et mes illusions.

C'est dingue, rien que d'écrire ces quelques mots  j'ai mal aux jambes. C'est incroyable le pouvoir de l'inconscient. Je suis sûr que demain j'aurai des courbatures.

Tiens je me rappelle même le numéro de mon dossard. C'était le 737. Ce qui est incontestable, par contre, c'est le virement de 15 euros pour mon inscription à ce semi irréel.

Je revois encore tous ces visages d'anonymes qui nous encourageaient. J'entends même encore la fanfare postée sur le parcours. C'était beau.

Et puis c'était dur aussi. Presque interminable. Je me voyais finalement arriver en 1h53, comme l'année dernière. Peut-être ai-je mélangé le rêve et le souvenir de l'an passé.

Parce que c'est vraiment bizarre, je n'apparais pas au classement. Nada. Rien. Pas de dossard 737 chronométré. J'ai dû halluciner alors.

C'est quand même étonnant parce que mon GPS me soutient mordicus que je les ai courus ces 21 kilomètres ce matin. Je n'y comprends plus rien.

Mais aucune preuve de la véracité de ma course. Oh ! Il y a bien cette médaille que j'ai actuellement autour du cou mais peut-être l'ai-je subtilisée à un coureur distrait et fictif ?


Et comment expliquer à ma femme qu'il n'y a pas de photo de moi à l'arrivée ? Elle commence à avoir des soupçons et évoque une éventuelle double-vie. J'ai beau éplucher les running mag et running trail aucune trace d'un chauve à lunettes. Mais où est passé le dossard 737 ?

Je me demande si je ne suis pas la victime d'un complot kenyan visant à effacer un coureur extrêmement gênant. Je savais que ce milieu était impitoyable. On veut faire de moi un coureur fantôme !!!!

Bon ben...vu que je n'ai pas couru, je vais aller la faire maintenant, ma sortie longue. Il n'y a pas de "j'ai mal aux pieds" qui tienne.

Car moi je vous le dis "la vérité est ailleurs".

dimanche 21 février 2016

Tara Muret Trail

Pour faire écho au post précédent, ce matin, j'ai rapidement eu le sentiment que le seul point commun que je pouvais avoir avec un Tarahumara c'était cette impression de courir un lendemain de grosse cuite. A la différence que le Tarahumara, ça ne l'empêche pas de virevolter sur des sentiers des hauts plateaux à une allure folle, au contraire cela semble le booster. Et à la grosse différence, également, que je n'avais pas du tout picolé la veille. J'avais juste les symptômes.
C'est con.

Bon, il y a, évidemment, un monde entre moi et ce peuple de Mexicains, ces athlètes alcooliques qui m'énervent un peu.

Ce matin, j'avais la hanche qui recoinçait, des ampoules aux pieds, moyennement envie de mettre mon short, des cuisses qui pesaient des tonnes et, somme toute, pas trop la motiv.
Bizarre. il y a deux jours j'étais hyper excité à l'idée de remettre un dossard.

Et pourtant le temps était juste idéal et la vue sur les Pyrénées me redonnait le moral quand je pensais, entre deux foulées, à la contempler.

(on m'appelle White Legs)

Reprenons les choses par le commencement. Il est 9h40, et le départ est lancé. Nous sommes environ 300 sur la ligne de départ, et, depuis hier, j'ai une certaine appréhension vis à vis de mon dos et de ma hanche droite. Comme d'hab c'est là que le bât blesse. Oui justement dans le bas du dos, côté droit.
Je m'élance et je me demande si je ne fais pas une bêtise, comme l'année dernière lors du semi de Blagnac où j'avais fini sur une jambe. Cela m'avait coûté huit mois d'arrêt.
Côté parcours, les bosses, plus ou moins abruptes, s'enchainent. Je suis, d'ailleurs, assez surpris par la difficulté du tracé. On ne fait que grimper et descendre. Cela casse les pattes.
Je constate, assez rapidement, que dans les descentes, j'ai tendance à mettre le frein à main. Du coup je suis constamment doublé.
Le syndrome du runner Calimero commence à poindre dans ma tête et mon objectif de moins de deux heures vole en éclats. C'est trop injuste.

La boue des bords de Garonne laisse la place, par moments, à un sol caillouteux. Attention les chevilles.

Les kilomètres défilent plus ou moins vite. Je ne franchis la ligne d'arrivée qu'au bout de 2h13 en 194ème position sur 277 arrivants. Gloups. C'est vraiment pas la folie.

Tarahumaras toi-même. Ma race c'est plutôt la tribu des escargots.

Bon, j'arrête de chouiner.
C'était, somme toute, un bon entrainement pour le marathon que je vais (peut-être) courir en avril.

Et ce soir je m'enquille une bouteille de téquila.
Caramba.



samedi 20 février 2016

Tarahumaras

Tarahumaras va !

Non, ce n'est pas une insulte dans le milieu du running. Au contraire, on serait plutôt dans le domaine de l'hyper-compliment.

Mais qui sont les Tarahumaras ?

Tout simplement un peuple Mexicain de l'état du Chihuahua adepte, sans limite, des courses à pied longue-distance et des fêtes alcoolisées.

C'est Chris MacDougall, dans "Born to run" qui leur a donné une certaine notoriété et qui a amené le grand public à découvrir tous les talents développés par ces hommes et femmes.




Ils vivent sur de hauts plateaux et ont su cultiver une aptitude à l'endurance hallucinante. Ils semblent capables de courir des centaines de kilomètres chaussés de simple sandales très fines.
Ils s'affrontent, parfois, dans des "rarahipas", soit des courses de deux jours non-stop.

Leur régime alimentaire est hyper riche et ils ne sont pas les derniers pour s'enquiller de la "lechugilla", de la tequila locale à base de serpent, ou du "tesgüino", de la bière de maïs, au cours de fêtes interminables.

Cette hygiène de vie  déplorable coupler à leurs sandales minimalistes semblent les vacciner, malgré tout, contre toutes les blessures qui sont notre quotidien, nous, pauvres petits coureurs occidentaux, bedonnants, à la chaussure sur-équipée.



Cela ne m'empêchera pas de m'aligner, demain, sur le Tara Muet Trail, 1ère édition, organisé par l'association "Tarahumaras".

Aaaah ok.

Et pourtant là, ce soir, j'ai un peu mal à la hanche.
C'est malin.



vendredi 19 février 2016

Muret - 2 jours

Et oui, elle arrive cette première course de l'année 2016 !

Un petit trail de 21.5 km avec 500 mètres de dénivelé, c'est dimanche et c'est pour bibi.

Je suis assez impatient, je dois dire, même si je sens que je vais souffrir.
De plus, un bon vieux lumbago, contracté pendant un cours de yoga (trop) dynamique, m'a immobilisé toute la semaine dernière.

Voici le parcours du Tarahumaras Muret trail. Il y a comme un parfum d'exotisme dans cette course.



J'ai mal au dos mais je suis zen (des fois).





mardi 9 février 2016

Tenir un blog (sous la pluie)

Oh là là, tenir un blog, tu sais, c'est pas si facile.
Je me rends compte que je manque de motivation en ce moment.

Je ne sais pas quoi raconter à mes lecteurs de plus en plus nombreux et exigeants.

Qu'est-ce que je peux dire ? J'sais pas quoi dire.

Que je bouffe du kilomètre en ce moment ? Ba oui, un peu quand même. J'ai allongé mes sorties.
Bon, mais ça fait pas un article ça.

Qu'il pleut cette semaine et que le temps est dégueu ma bonne dame ?
Ah oui c'est bien ça. J'ai trouvé le thème du jour.

Alors d'abord j'ai ça à vous proposer : un gros malabar qui trouve que c'est cool de courir torse-poil sous la flotte.


Mouais.

Tiens j'ai ça aussi : Un pied dans une flaque.

 C'est malin.

J'ai aussi un dessin moche.


Et puis un pirate qui court sous la pluie.



Voilà. Je crois que j'ai fait le tour de la question.

A part ça je continue ma préparation pour ce foutu marathon de Bordeaux. D'ailleurs la première édition de ce marathon  de mes deux avait eu lieu sous un déluge.

Tout ça se tient. C'est génial.