mercredi 29 novembre 2017

Le marathon de La Rochelle 2017 (ou plus belle la bourriche) épisode 1

Il est 18h52, ce samedi 25 novembre, veille d'une nouvelle épreuve mythique que je me dois de remporter, lorsque l'intercité 3615 déverse son flot de voyageurs, dont je fais partie, en gare rochelaise.

Je sais qu'un petit comité d'accueil familial doit m'y attendre.

Je ne vous avais pas encore dit mais une partie de la famille Dembé a émigré du Kenya vers la Dordogne, au 18ème siècle. Puis, les nouvelles générations ont dû, à leur tour, se trouver un lopin de terre à exploiter aux 4 coins de la France (Loire-Atlantique, Deux-Sèvre, Bordeaux, Toulouse, Charente-Maritime, Grenoble...etc), tout en essayant de préserver l'héritage athlétique familial.

Il est 18h55, lorsque j'aperçois Jean-François Dembé, mon cousin, accompagné de sa fille, Princesse Dembé, qui, comme prévu, viennent me récupérer afin d'aller chercher mon précieux dossard.

Voilà quelques semaines que nous avons planifié de squatter les deux premières places du marathon de La Rochelle 2017, Jean-François et moi, en espérant, si possible, passer sous la barre des 2 heures et battre un record du monde sur la distance, en toute humilité.

19h15 : Nous rejoignons l'espace Encan. J'ai mon dossard.
Je suis étonné de constater qu'un certain nombre de bénévoles, au coupe-vent bleu, s'exprime avec un fort accent asiatique. Manifestement, l'organisation a fait appel à une sous-traitance estudiantine plutôt exotique et peu banale dans le monde du running hexagonal.

20h: Nous voilà réunis dans le cocon familial. Maman Dembé et Dembé junior nous ont rejoints. L'heure est à la concentration, à l'alimentation et à une digestion pré-marathon qui s'annonce optimale.

23h : il fait dodo l'enfant, do, il fait dodo. 

6h, dimanche 26/11 : Les Dembé sont sur le pont. C'est le jour J pour moi, Jean-François, Junior (qui fait le 10km) et Princesse Dembé qui a opté pour une compète d'escalade, dans laquelle elle compte bien faire parler son élégance. Maman Dembé assure, avec un grand professionnalisme, l'intendance de tout ce petit monde.

(Dembé Junior, Dembé Dembé et Jean-François Dembé)

8h : Mauvaise surprise, Jean-François et moi ne prenons pas le départ au même endroit. En effet, cette 27ème édition a la particularité de proposer deux lieux de départ selon l'âge, le sexe et la distance. En gros, le départ 1, c'est pour les hommes et les élites, le départ 2, c'est pour les vieux, les femmes, les relais. On appréciera le sexisme de l'organisation. 
Bon, je fais encore partie du départ 1, de justesse, tandis que JF se retrouve pour la première fois relégué parmi les croulants du running, quai Maubec.

Il faut dire que nous sommes 7000 inscrits et qu'il faut bien caser le troupeau quelque part. En ce qui me concerne, je démarre sur le pont Jean Moulin.
J'espère rejoindre mes frères Kenyans aux avant-poste, dans le SAS élites, lorsque qu'un bénévole, expert en arts martiaux, me barre le passage, muni d'un nunchaku. 
- "Toi, pas là. Toi looser !". 

Ok. Je refuse d'entamer quelconque négociation avec ce mandarin peu commode et échoue lamentablement en queue de peloton avec les éclopés du sport système.
C'est alors que retentit dans une sono surpuissante une musique douce à mes oreilles qui ravive mon esprit guerrier et compétiteur. "Une chevauchée des Walkyries" d'un certain Wagner commence à échauffer les guiboles et des esprits prêts à en découdre. 

Un certain inconscient collectif nous incite à scruter un ciel dégagé à la recherche d'hélicoptères américains tout droit sortis d'"Apocalypse now". 

Je toise avec un petit sourire mon bénévole, kung fu master, qui n'en mène pas large. Il sait qu'il n'est pas à l'abri d'un retour de lance-flamme.

Un coup de feu retentit. Le départ est lancé.

"This is the end, my friend..." (de l'épisode 1).

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